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« La troisième voie de l’agriculture, une troisième étape dans la construction de valeur »

Antoine Poupart, directeur marketing stratégique Bioline by InVivo

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Antoine Poupart nous éclaire sur la troisième voie de l’agriculture, pilier du plan 2030 by InVivo. Une voie confortée par l’épisode Covid-19.

Qu’est-ce que cette troisième voie de l’agriculture ?

En quelques mots, c’est la transformation agricole au service de la transition alimentaire. Nous avons la conviction que les évolutions des pratiques et des modes de productions agricoles sont de moins en moins drivées par l’arrivée d’innovations techniques ou technologiques, ou encore par le cadre public d’incitation ou de contrainte. Aujourd’hui, ce qui fait bouger les lignes, et qui in fine crée ou détruit de la valeur, ce sont les nouvelles attentes des consommateurs que l’on peut résumer sous le terme de transition alimentaire. Et quand on voit ce qui est réellement attendu et valorisé économiquement, comme les protéines végétales, le zéro résidu de pesticides, ou la neutralité carbone, la réponse est agricole et non pas agroalimentaire. La crise sanitaire du Covid-19 nous conforte dans cette voie avec la remise sur le tapis de sujets tels que la souveraineté alimentaire ou la relocalisation de l’alimentation.

Pourquoi parler de troisième voie ?

On aurait pu parler d’agriculture 3.0 ou de troisième génération. C’est une troisième étape dans la création de valeur pour l’agriculture et l’agriculteur. La première a été la conformité réglementaire, c’est-à-dire le choix des pratiques agricoles en fonction de la réglementation et des incitations de la sphère publique. La deuxième, plus récente, repose sur des filières ou des modes de production qui ont cherché à créer de la valeur additionnelle en se fixant des objectifs de moyens et en essayant de les valoriser, telle l’agriculture biologique. Nous pensons qu’il faut aller encore plus loin et créer une troisième étape. Celle d’une agriculture qui fixe, et contractualise en filières, des objectifs de résultats exprimés sous forme de bénéfices consommateurs aboutis et compréhensibles par lui. C’est le zéro résidu, la qualité nutritionnelle, la neutralité carbone, et même la juste rémunération de l’agriculteur.

Quels sont ces bénéfices consommateurs ?

Nous avons fait la synthèse des études consommateurs sorties ces deux dernières années pour déterminer les bénéfices attendus et valorisables par le consommateur et qui correspondent à des enjeux agricoles. Nous avons identifié trois piliers prioritaires. La qualité alimentaire des produits qui se décline autour des qualités sanitaire et nutritionnelle et de la diversification alimentaire. Les attentes concernant l’environnement, avec trois principaux sujets qui sont le changement climatique, les sols et la biodiversité. Et enfin le troisième, apparu il y a quelques années seulement, qui est l’enjeu agriculteur qui tourne autour de sa juste rémunération, de la stabilisation et de la protection de son revenu, mais aussi sa qualité de vie.

Comment construisez-vous cette troisième voie ?

Nous devons désormais penser et concevoir nos gammes d’intrants et de services en fonction des bénéfices consommateurs qui vont être générés, et pas uniquement par rapport à des enjeux agricoles. D’une part, tout à l’amont de la chaîne, on refond nos études de marché pour qu’elles ne soient plus uniquement centrées sur les besoins des agriculteurs, mais qu’elles ciblent aussi le consommateur final. Cela nous amène à définir des nouveaux indicateurs et processus de référencement et de conception de nos gammes d’intrants et de services. Nous devons également davantage segmenter notre offre de produits agricoles, passer d’une logique de commodités, tel qu’un blé standard vendu au prix du cours mondial, à une logique d’ingrédients dédiés à des filières sous contrat et qui répondent à des bénéfices consommateurs. Cela passe par le développement de contrats de filières avec des objectifs de résultats sous formes de bénéfices aboutis consommateurs. La diversification des circuits de commercialisation et des contrats de filière est un support de résilience essentiel pour les agriculteurs, nous avons pu encore le constater pendant la crise Covid. La troisième voie permet de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier.

Comment InVivo participe à la mise en place de ces filières ?

L’objectif est de redonner du leadership aux agriculteurs et aux coopératives, sur la création de valeur dans les filières alimentaires. Pour cela, nous devons collectivement analyser les attentes des consommateurs pour les traduire en pratiques agricoles et mettre une valeur derrière. Il faut qu’on soit proactifs vis-à-vis de notre aval, être force de proposition auprès des entreprises agroalimentaires, sur la bonne façon de répondre à ces attentes, plutôt que de subir leurs cahiers des charges qu’ils nous remontent de façon décalée dans le temps, déformée ou interprétée. Nous devons être force de proposition sur les sujets qu’on estime intéressants économiquement pour l’agriculteur et la coopérative, et ce par rapport aux spécificités des différentes entreprises. Notre travail est de faciliter l’engagement de nos coopératives et de leurs adhérents dans ces contrats de filières en leur fournissant les outils et services à la production les plus adaptés à ces démarches contractualisées de filières.

Lucie Petit

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